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ALAN ROBERTS : « C'EST UNE COURSE TOTALEMENT ENGAGÉE »


©Alexis Courcoux


Avec neuf Solitaire du Figaro consécutives et plusieurs titres de champion national à son actif, Alan Roberts peut être considéré comme l'un des marins britanniques les plus expérimentés en matière de navigation hauturière en solitaire. L’équipe d’organisation de la Transat Paprec l’a rencontré la semaine dernière pour échanger sur son expérience de la transat en 2021 – qu’il termine à la 9e place aux côtés de Violette Dorange - de son parcours dans la voile offshore et de ses projets pour l'avenir.

 

Alan était destiné à devenir coureur au large. Il commence à naviguer dès le plus jeune âge, en voile légère où il remporte de nombreux titres, dont le national RS200 et le Trophée Endeavour, deux fois. Son père est fabricant de mâts. Il a construit des gréements pour certains des plus grands sportifs, dont Loïck Peyron, Ellen MacArthur et Peter Blake. Cela a donné accès à Alan à l'élite de la course au large. « Je pense que le fait de monter à bord de leurs bateaux et de voir leurs arrivées de courses m'a vraiment donné envie de me lancer en course au large. »

 

« Les deux courses que je veux vraiment faire depuis mon plus jeune âge sont The Ocean Race et le Vendée Globe. Je me bats pour être un jour au départ du Vendée Globe, c'est un de mes grands objectifs, je veux me lancer à fond en IMOCA et essayer de trouver des sponsors pour mener à bien mon propre projet. »

 

En 2014, Alan Roberts postule à l'Artemis Offshore Academy – un ancien centre d'excellence pour la voile offshore basé au Royaume-Uni. « J'ai été accepté et j'ai participé à La Solitaire du Figaro. J'ai tellement apprécié que j'ai décidé de continuer la course au large. Ce n'était pas vraiment le plan, mais c'est comme ça que les choses se passent dans la vie parfois... et me voilà maintenant ! »  Depuis lors, il a disputé neuf saisons complètes sur le circuit Figaro. Cela lui a permis d'acquérir une énorme expérience, en affrontant les meilleurs marins du monde de la course au large. « J'ai commencé par aller vivre à Lorient, en naviguant sous la direction de Tanguy Leglatin, qui est un coach fantastique, puis j'ai rejoint Port La Forêt, le Pôle Finistère course au large, où je suis basé depuis plusieurs années maintenant. Le fait de m'installer ici m'a vraiment donné accès à l'entraînement de haut niveau, c’est une chance. »

 

« J'ai participé à presque toutes les courses possibles, mais je n'ai participé qu'une seule fois à La Transat Paprec. Je n'ai jamais eu le financement nécessaire pour inclure cette course dans mon projet, mais j'ai été co-skipper. »


Une expérience inoubliable

 

« C'est une course géniale, je l'ai absolument adorée et j'adorerais être sur la ligne de départ en 2023. Pour moi, en ce moment, c'est la question du financement qui me retient. J'ai quelques idées de co-skippers, mais je serais également ravi d'embarquer à nouveau dans le projet de quelqu'un d'autre. Je pense que j'apporterais une grande expérience et un bon esprit de performance. J'ai toujours le Figaro en tête et j'adorerais revenir en compétition... et sur le podium ! »

 

« Avec Violette nous avions mal commencé car nous avons pris un départ anticipé. Il y a eu un rappel individuel, nous avons perdu pas mal de terrain. Ensuite, tout le long de la traversée du Golfe de Gascogne, c'était juste "suivez le leader". C'était une expérience assez douloureuse de commencer une course comme ça. Nous avons parcouru plusieurs centaines de milles sans décisions tactiques, il fallait juste tenir la cadence pour traverser la flotte. »

 

« Mais quand nous sommes arrivés plus sud, les options tactiques se sont ouvertes. Nous avons mis le spinnaker et nous avons pu vraiment faire ce que l’on attend d’une course transatlantique : des glissades au portant ! C'était vraiment fun. Puis l'arrivée à Saint-Barthélemy était magique, il faisait nuit mais il y avait encore tellement de monde. Ayant fait beaucoup de courses en solitaire, je trouve que c'est toujours agréable de partager des expériences avec quelqu'un. Tous les moments difficiles au milieu de la course d’abord, puis être capable de faire des gains et de prendre des décisions tactiques ensemble. J’en garde des très bons souvenirs ».

 

Après cette expérience, Alan est donc particulièrement bien placé pour parler du nouveau format mixte homme/femme pour la prochaine édition. « Notre sport est un sport qui peut être pratiqué sur un pied d'égalité, que l'on soit homme ou femme, grand ou petit, jeune ou vieux. Il y a des navigatrices très talentueuses dans la flotte, le circuit Figaro est idéal pour développer ses compétences et devenir une bonne navigatrice polyvalente. Espérons que ce nouveau format encouragera encore plus de navigatrices de haut niveau à s'inscrire. » 

 

« Ce que j'aime le plus de cette course, c'est qu'elle est ininterrompue. C’est un engagement de tous les instants. Vous êtes tout le temps en action ! Un rien peut faire la différence, il n'y a pas de temps mort, rien qui ne puisse être repoussé à plus tard. Il y a tellement de variables et de choses à tenter de contrôler que la course commence bien avant de s’aligner sur la ligne de départ. Toutes les heures de planification et d'entraînement s'additionnent et vous aident lorsque vous êtes sur l’eau. »


« C'est extrême d'être dehors face aux éléments, de devoir analyser et prendre des décisions en matière de sécurité, de tactique... Il faut être très polyvalent à bord, être capable de réparer le moteur, les voiles, de monter dans le mât... ou de plonger dans l'eau pour enlever les algues sur les safrans et la quille. Tout est là, c'est une course totalement engagée. » 

 

Son conseil à un débutant pour la prochaine édition

 

« Entraînez-vous autant que possible, planifiez et préparez-vous au maximum et parlez à des personnes qui ont fait la course. C’est une ressource très riche, ce sport est vraiment un sport d'expérience. Et bien vérifier son équipement... évidemment ! »

 

Il conclut en donnant son conseil à la prochaine génération qui cherche à se lancer dans la course au large... « Faites-le ! Allez-y et découvrez si c'est pour vous. La France est l'épicentre de la voile hauturière, allez sur les pontons ! Mais faites aussi vos études, car cette discipline n’est pas seulement physique, elle comporte aussi de la mécanique, de l'ingénierie, des connaissances en composite et en gréement. Construisez-vous un bagage aussi complet que possible, suivez toutes les courses, apprenez le logiciel de routage et surtout, amusez-vous ! »


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