©Alexis Courcoux
Deuxième de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2022, Charlie Dalin (MACIF), vainqueur de toutes les autres courses de la saison en IMOCA l’an dernier, Charlie Dalin compte parmi les marins les plus talentueux de sa génération. Ses armes, le Normand les a faites sur le Circuit Figaro BENETEAU, et notamment sur la Transat Paprec (ex-Transat AG2R La Mondiale, qu’il a gagnée en 2012 avec Gildas Morvan). Une expérience enrichissante pour le marin qui nous livre son regard sur la course.
Tu as gagné la Transat Paprec en 2012 au début des années Figaro. Qu’est-ce que ta participation à cette course t’a apporté pour le reste de carrière ?
“J’aime le côté transmission de cette course, qui a été très bénéfique pour moi en 2012. C’était seulement ma deuxième année sur le circuit Figaro. On l’a gagnée avec Gildas (Morvan) qui m’avait fait confiance. J’ai beaucoup appris à ses côtés. Ça m’a permis de d’engranger beaucoup d’expérience. Naviguer en double, échanger et travailler à deux sur la partie météo m’ont permis d’apprendre beaucoup de choses que j’ai pu ensuite appliquer seul sur mon bateau. Il y avait une vraie complémentarité entre Gildas et moi. Il avait déjà fait plusieurs fois la traversée et connaissait plein de cas concrets et pratiques. De mon côté, je m’occupais de la partie routage et apportais quelque chose sur la construction assez cartésienne de la stratégie. Je lui présentais mon travail et il enrichissait le débat avec toute son expérience, les scénarios qu’il avait vécu avant. J’ai beaucoup progressé en naviguant avec lui. C’était l’un des meilleurs Figaristes de l’époque.”
La Transat Paprec est devenue 100% mixte cette année. Que regard portes-tu sur cette évolution ?
“Je pense que cela va permettre aux femmes qui le souhaitent de faire de la course au large et d’élever encore un peu plus le niveau féminin. On a vu de très bons équipages en stage. C’est intéressant de voir que la toute première course en Figaro BENETEAU 3 a été remportée par un équipage mixte (Sam Davies et Yann Eliès) alors que ce n’était pas obligatoire à l’époque. Cela montre qu’avec le bon équipage et une bonne complémentarité, tu peux aussi avoir de meilleures performances en double mixte que des équipages 100% masculins. Donc je pense que c’est une bonne chose.”
Quelle est la particularité de la Transat Paprec par rapport aux autres courses du circuit ?
“La Transat Paprec est différente des courses comme La Solitaire du Figaro. Une fois que tu as passé le waypoint, le jeu est très ouvert. Même si tu as un bateau qui va vite et qui a de bonnes performances, ton delta de vitesse ne sera jamais suffisant pour rattraper une erreur stratégique. C’est ce qui est intéressant. Autant sur une Solitaire du Figaro, la flotte est vraiment très groupée et la vitesse intrinsèque est une plus-value hyper importante dans ta performance finale, autant sur une transat comme celle-là, la stratégie et le choix de route sont au-dessus de la pile. Il faut faire attention et s’affranchir des réflexes que tu peux avoir sur La Solitaire. Ce n’est pas une course à étapes. Tu ne peux pas te contenter de te placer et de te dire que les prochaines étapes se passeront mieux. Il n’y a qu’une seule arrivée. Il faut réussir à se concentrer sur sa propre trajectoire et oser parce qu’à la fin, il n’y a qu’un seul vainqueur. Et puis le jeu est encore plus ouvert qu’en Figaro 2 puisque les angles au portant sont plus ouverts du fait des spis asymétriques. Si tu prends une bascule à l’envers, tu vas encore plus perdre qu’avant, et à l’inverse encore plus gagner si tu la prends à l’endroit. Les petits empannages de remplacement et la stratégie globale sont donc vraiment prépondérants sur cette course, sûrement plus que la vitesse qu’ils seront capables de sortir.”