Alors qu’ils ont entamé leur troisième journée en mer, les skippers ne lâchent rien, tous regroupés en moins de 25 milles. Si Camille Bertel et Pierre Leboucher (Cap Ingélec) tiennent bon en tête, leurs adversaires sont particulièrement à l'affût. Après avoir mis le cap vers l’ouest, la flotte a basculé plein sud en direction de La Palma (Canaries, Espagne). Sur l’eau, les skippers se livrent un combat de chaque instant, aussi exaltant à vivre que passionnant à suivre.
Heureux et engagé comme un skipper de la Transat Paprec. Depuis le départ à Concarneau, les conditions sont plutôt maniables, de quoi permettre à tous les duos de se battre sans relâche. C’est un match dans le match au large des côtes portugaises, une bataille à couteaux tirés, une décharge d’énergie pour tenter de grappiller le moindre mille face aux adversaires. Le tout avec la volonté pour tous de conserver des forces afin de garder un maximum d’énergie et de lucidité pour la suite. C’est ce qu’a confié ce matin aux vacations Camille Bertel, en tête de la course depuis deux jours avec Pierre Leboucher (Cap Ingélec) : « Pour l’instant, les conditions sont chouettes. Nous avons réussi à bien dormir depuis le début de la course et on est bien en forme pour la suite ! ».
« Tenter des coups et saisir des opportunités »
Cet enthousiasme de Camille et Pierre se constate à leur rythme et à leur trajectoire. Depuis le premier jour de course et la descente dans le golfe de Gascogne, ils dominent la course et réalisent un sans-faute. « Ils font un très bon début de course et parviennent à chaque fois à tirer leur épingle du jeu », souligne Francis Le Goff, le directeur de course. Pourtant, hors de question à bord de Cap Ingélec de relâcher la pression. « Ça fait plaisir d’être en tête, mais on sait que rien n’est gagné. Il reste encore beaucoup de distance à parcourir et plein d’options à choisir ! »
Un constat partagé par l’ensemble de la flotte, à l’instar d’Arthur Hubert (MonAtoutÉnergie. fr), lui aussi sollicité pendant les vacations. « Nous avons à peine parcouru 10% de la course et pour l’instant, ça ressemble à une étape de La Solitaire du Figaro », explique celui qui fait équipe avec Colombe Julia. Les deux skippers aspirent à « tenter des coups et à saisir des opportunités ». Ils l’ont démontré mardi soir : MonAtoutÉnergie. fr est le seul bateau, avec Race for Science – Verder (Alicia de Pfyffer et Édouard Golbery) à avoir contourné par l’ouest le DST (dispositif de séparation du trafic), au large du Cap Finisterre. « Sur certains fichiers, on a vu qu’il y avait une ouverture et qu’on pouvait tenter quelque chose », raconte Arthur. « Malheureusement, le vent a molli et on s’est retrouvé bloqué de l’autre côté. C’était un coup à tenter ! »
Difficile de prédire qui sortira en tête de ce passage, car tous devront composer avec cette zone de transition. Demain, en début de journée, « Le vent s’orientera au sud à l’avant d’un front froid d’une perturbation qui circulera au large de l’Atlantique », explique de son côté Cyrille Duchesne, météorologue chez Météo Consult. « Les marins reprendront de la vitesse au large des côtes ibériques mais navigueront au portant dans un vent qui les obligera à mettre un peu de sud-ouest dans leur route. Au fil de la matinée, le vent de sud se renforcera pour souffler entre 10 et 15 nœuds. La mer deviendra à nouveau plus désordonnée et croisée », ajoute-t-il.
“Le choix du large”
Les concurrents ont dû s’accrocher et multiplier les manœuvres dans la nuit pour revenir dans le jeu. En début de matinée, deux options se dessinaient, une visant à longer les côtes portugaises, l’autre à poursuivre sur une voie très ouest. Finalement, les skippers ont opté pour « le choix du large », dixit Francis Le Goff. « On a récupéré du vent de sud-ouest et maintenant, on va pouvoir mettre le cap vers le sud », ajoute Violette Dorange.
©Alexis Courcoux
Un anniversaire et de drôle de rencontres
Violette Dorange, la co-skipper de Basile Bourgnon était l’invitée du ‘Mag de la Transat’ ce mercredi midi. Et pour l’émission, elle reconnaît avoir écourté sa sieste. « On arrive à bien dormir », confie-t-elle. « Étant donné qu’on progresse au près, il ne se passe pas grand-chose, on a le temps de bien récupérer ». De quoi lui donner le temps, aussi, de fêter l’anniversaire de Basile, tout juste 21 ans. « Je lui donnerai son cadeau en fin d’après-midi », sourit Violette.
Il y a donc des sourires et de l’enthousiasme à revendre au sein de la flotte. Maël Garnier et Julia Courtois ont assuré « avoir croisé des rorquals et plein de dauphins » alors que Loïs Berrehar et Charlotte Yven (Skipper MACIF-, eux, ont été dépassés hier par l’Ocean Fifty de Thibaut Vauchel-Camus (Défi Voile Solidaires en Peloton). Des moments de vie à part, au cœur d’une course où les skippers ne lâchent rien !