Cela fait déjà 15 jours que les concurrents de la Transat Paprec ont quitté Concarneau et l’effervescence de ses pontons. Le rapport au temps, en course et au milieu de l’Atlantique, n’est plus vraiment celui de tous ceux qui restent à terre. La vie du bord est rythmée par les quarts, l’analyse des fichiers météo et l’observation du ciel qui dit tout ce que la cartographie et les fichiers ne voient pas. Les alizés n’ont rien de l’autoroute du soleil, même si les chapeaux et la crème solaire sont de mise. « Il faut parvenir à intégrer et à analyser les subtilités des alizés », expliquait ce lundi matin Yann Chateau, Directeur de Course Adjoint.
Statu-quo au classement
Yann Chateau évoque ces variations de vent qui peuvent créer des différences et puis les grains, surtout, qui ne charrient pas seulement des averses. Certains peuvent en effet faire accélérer soudainement les bateaux : Région Bretagne – CMB Océane (Chloé Le Bars-Hugo Dhallenne) a ainsi pointé à 13 nœuds pendant une heure quand le reste de la flotte était à 8 nœuds – ou au contraire se retrouver fortement ralenti. Ces grains offrent aussi de bonnes sensations comme l’expliquaient Julia Courtois et Maël Garnier (AGEAS-Ballay-Cerfrance- Baie de Saint-Brieuc) dans un message du bord : « on en a eu deux ce dimanche, le premier avec des rotations de vent de 40° et le deuxième qui nous a permis de faire de beaux surfs ! »
Sur ce long bord qui mène jusqu’à Saint-Barthélemy, les positions sont en revanche figées. En tête de course depuis samedi dernier, Loïs Berrehar et Charlotte Yven (Skipper MACIF) continuent de dominer les débats. Deux poursuivants tiennent la cadence : Corentin Horeau et Pauline Courtois (Mutuelle Bleue, 2e) qui sont dans leur sillage à 2,4 milles et Région Bretagne – CMB Performance (Gaston Morvan - Anne-Claire Le Berre) qui pointent à 9,1 milles sur l’orthodromie et à 16 milles plus au Nord.
Région Normandie (Guillaume Pirouelle – Sophie Faguet, 4e, à 24,9 milles), Cap Ingélec (Camille Bertel – Pierre Leboucher) à 50,5 milles et EDENRED (Basile Bourgnon – Violette Dorange) à 54,5 milles forment le bataillon des poursuivants. Région Bretagne – CMB Océane (Chloé Le Bars – Hugo Dhallenne, 7e à 74,4 milles), AGEAS - Ballay - Cerfrance - Baie de Saint-Brieuc (Maël Garnier – Julia Courtois, 8e à 100,2 milles) et MonAtoutÉnergie. fr (Arthur Hubert - Colombe Julia, 9e à 136,7 milles) sont davantage distancés.
Un sacré match à l’arrière du peloton
Derrière, un match oppose Race for Science – Verder (Alicia De Pfyffer - Édouard Golbery, 10e) et Groupe Helios – Du Léman à l’Océan (Arnaud Machado – Lucie Queruel, 11e) afin d’éviter de terminer lanterne rouge. Le duel est particulièrement intéressant, d’autant que chacun a décidé d'une route bien distincte : Alice et Édouard progressent à proximité de la route directe quand Lucie et Arnaud ont décidé de faire une route plus Sud pour toucher des vents plus porteurs. « C’est super ce match à distance : on a un concurrent avec lequel on peut jouer et c’est motivant, ça pousse à travailler dur et à tout donner », expliquait Édouard lors de la vacation ce matin.« On espère qu’ils ne vont pas passer devant nous avant l’arrivée »
À bord de Race for Science – Verder, ce sont les ressources en eau qui interrogent. Il ne leur reste que 40 litres jusqu’à l’arrivée, soit 2 litres par jour et par personne. Or, ils en ont aussi besoin pour préparer leurs plats lyophilisés ! « Quand on est éveillé 20 heures sur 24, c’est très peu d’avoir seulement deux litres, reconnaît Édouard. Il ne cache pas une forme de lassitude à se contenter uniquement de plats lyophilisés. « Ce n’est pas super nutritif et tout a le même goût. J’ai tout le temps faim ! » De leur côté, Julia Courtois et Maël Garnier (AGEAS-Ballay-Cerfrance- Baie de Saint-Brieuc), eux, n’ont plus qu’un seul paquet de bonbons à bord. Décidément, les petits bonheurs de la terre commencent à manquer au cœur de l’Atlantique !