Valentine Colasante : « les skippers sont des artistes du réel »

INTERVIEW. Elle partage le même goût pour le dépassement de soi, la même exigence en matière de condition physique et la même capacité à transmettre sa passion. Valentine Colasante, danseuse étoile à l’Opéra de Paris, peut dresser de nombreux parallèles entre son activité, exigeante et stimulante, et celle des coureurs au large. C’est l’une des raisons qui l’a poussée à devenir marraine de la Transat Paprec, tout comme l’engagement de Paprec au sein de ces deux univers. Présente ce mardi sur les pontons de Concarneau, elle s’est confiée sur cet engagement.

Vincent Olivaud / Transat Paprec

Pourquoi avoir accepté d’être marraine de cette édition ? C’est un événement particulier qui envoie un message fort et des valeurs qui me sont chères. Je suis particulièrement sensible à la mixité, à la parité, à l’inclusion et au respect de l’environnement qui sont valorisés à la Transat Paprec. Par ailleurs, Paprec est un acteur important à la fois en matière de course au large mais aussi de culture à travers ses engagements dans l’opéra. Être marraine, c’est également une manière de faire le lien entre l’art et le sport et je suis très heureuse d’être là aujourd’hui.

« La mixité, c’est une richesse, une force »

Vous évoquez la mixité. Que pensez-vous de l’engagement de la Transat Paprec en la matière ?

En danse, la mixité est une évidence dans les duos, les interactions, la complémentarité qu’on retrouve sur scène. La voile reste encore un sport très genré. Il y a beaucoup de progrès à faire. L’initiative de la Transat Paprec est très belle et mérite d’être saluée. Il ne faut pas le voir comme une contrainte. La mixité, c’est une richesse, une force et ça permet aussi de trouver de nouveaux équilibres, de nouveaux rôles.  

C’est une course entre Concarneau et Saint-Barthélemy… Que vous inspire ce parcours ?

Traverser l’Atlantique, ça me paraît complètement fou ! Et je crois qu’il faut être un peu fou pour réaliser ce défi-là. J’ai beaucoup d’admiration pour tous ces skippers qui tentent ce challenge et qui mettent de côté leur peur, leur crainte. C’est une aventure humaine, technique, artistique aussi. Finalement, ces marins sont tous des artistes du réel. Ils seront face aux inconnus, face aux aléas… Ils ont toute mon admiration !

« Il y a l’idée de trouver toujours plus de liberté, de se dépasser encore et encore… »

Quelles parallèles peut-on dresser entre la course au large et la danse ?

Toutes proportions gardées, il y a des parallèles entre la danse et la voile. C’est le cas au niveau du dépassement personnel et de la préparation mentale. Ce sont des métiers passion qui demandent beaucoup de courage, beaucoup d’investissement mais on en récolte les fruits. Quel que soit le résultat sur la ligne d’arrivée, ce n’est jamais réellement terminé. On passe son temps à vouloir imaginer de nouveaux objectifs, de nouveaux projets… C’est une quête infinie et c’est si beau dans nos métiers respectifs ! Il y a l’idée de trouver toujours plus de liberté, de se dépasser encore et encore…

Dans les deux univers, il y a la capacité d’être un modèle pour les plus jeunes. C’est une fierté ?

Il y a eu des grandes pionnières dans la danse comme dans la voile. C’est encore timide dans la voile mais c’est en marche. On pense à Florence Arthaud, Ellen MacArthur et à la génération qui a émergé, Samantha Davies, Clarisse Cremer, Violette Dorange… Ce sont des femmes inspirantes qui vont donner le ton des années qui viennent et ça a du sens dans notre société.  

Est-ce qu’il serait envisageable pour vous de danser sur un bateau ?

J’ai déjà dansé sur un bateau mais à l’arrêt ! Dans notre milieu, nous sommes moins soumis aux conditions météorologiques difficiles. Nous avons des aléas, ceux du spectacle vivant et c’est en ça que c’est comparable. En revanche, savoir que ces skippers vont lutter contre les éléments, c’est un aspect qui m’impressionne vraiment et qui suscite chez moi beaucoup d’admiration.